Domaines Skiables de France préfère la mer à la montagne…. et prend l’eau.
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Malgré une « Charte de Développement Durable » et de grands discours sur la réduction des impacts des sports d’hiver sur l’environnement, après Biarritz l’année dernière1, Domaines Skiables de France, syndicat professionnel national des remontées mécaniques et des stations de ski, basé à coté de Montmélian (Savoie) organise son Congrès annuel ces 4-5-6-7 octobre…. à Nantes !

Les 325 stations de France (des Alpes, du Jura, des Pyrénées, des Vosges) susceptibles d’envoyer un demi millier de « congressistes », « partenaires », « accompagnants » traverseront donc la France, une nouvelle fois pour une Assemblée Générale de 2 jours (et des festivités ou prolongements d’autant…. ce n’est visiblement pas la crise pour tout le monde.)

Pourquoi DSF ne peut il organiser un tel événement à Grenoble, Lyon, Genève, Annecy, Chambéry, Valence ou encore, Besançon ou Bourg en Bresse pour le Jura, ou encore Pau, Toulouse, Perpignan pour les Pyrénées ? Il ne peut pas y avoir d’arguments techniques valables, ou alors les agglomérations de piémont seraient elles inadaptées au goût raffiné des directeurs de stations ?

Pire, se vantant d’avoir les plus beaux équipements d’accueil, balnéo et congrès compris, aucune station n’est à la hauteur de l’événement aux yeux de leur propre syndicat !

A ce rythme, si tous les syndicats professionnels imitent DSF, les transports aériens vont exploser. L’urgence est d’utiliser le transport ferré et le car plutôt que l’aérien ou la voiture2 : ce qui est valable pour l’accès des stations de ski elles-mêmes est applicable aux directeurs de stations et à leurs collaborateurs !

Ou bien, peut être, le syndicat professionnel veut-il redonner le moral aux stations dont la fréquentation a chuté l’année dernière, la France dévissant de la première place mondiale au profit des USA3 ….. catastrophe nationale dans le « petit » milieu des remontées mécaniques et des élus de montagne toujours très valorisés par cette place historique de leader. La France est elle encore le plus grand domaine skiable du monde ? Pas sûr ! Ni en nombre de stations, ni en kilomètres de pistes très souvent surestimés par les stations qui se veulent (concours d’éternels frustrés…?!) plus toujours plus grande que les autres !4

Enfin, malgré une étude en 2010 (très partielle) sur une dizaine de stations, le Bilan Carbone des stations de ski n’est toujours pas produit. Se contentant de communiquer sur la part (en %) des émissions produites par l’hébergement ou les transports, DSF et l’ADEME préfèrent sûrement cacher le chiffre absolu en tonnes d’équivalent CO2 qui discréditerait fortement l’organisation actuelle des sports d’hiver ! En effet, c’est plus l’organisation des sports d’hiver que les sports d’hiver eux mêmes qui est condamnable : avec une croissante exponentielle des excursionnistes, le « ski à la journée » et l’usage majoritaire de la voiture et de l’avion font exploser les compteurs de GES. Mais silence, le sujet est tabou à DSF.

La première compensation carbone de DSF, pour avoir organisé son congrès coup sur coup à Biarritz et Nantes, serait de publier un vrai Bilan Carbone de l’ensemble des stations de ski, en valeur absolue et en valeurs relatives.

La Tarentaise émet 5 fois plus de CO2/habitant/ an que la moyenne nationale, le Queyras 2,5 fois… Le tourisme pèse lourd et selon ses formes (« industriel »/concentré ou « rural »/diffus), le Bilan Carbone n’est pas le même.

A l’heure de l’application des mesures décidées à la COP 21 (et des discussions parlementaires sur l’Acte II de la Loi Montagne…), la montagne qui se réchauffe deux fois plus vite que le reste du territoire national doit montrer l’exemple…. ou alors les stations atteindront vite le sommet de la bêtise climaticide, sommet dont elles ne redescendront pas en ski…

1 Document vidéo relatant l’événement (malheureusement sans aucun commentaire ou déclaration…) : https://vimeo.com/163393893

2 Voir MEDDE « Synthèse de la concertation organisée dans le cadre de la Convention Alpine pour réduire les impacts de l’accès aux stations alpines » (2008)